Ami-e-s de St-Joachim,

Nous aurons vécu une fête de Pâques inoubliable pour au moins deux raisons: la mort du pape François et nos célébrations de la Semaine Sainte.
François, comme il aimait à se faire appeler tout simplement, a marqué nos vies. Dès le soir de son élection, alors que ce pur inconnu paraissait au balcon de St-Pierre, en l’écoutant, je me suis dit tout de suite: « Il parle comme un curé ». Pas comme un théologien, pas comme un cardinal issu de la curie romaine, pas comme un spécialiste, mais comme un simple pasteur. Et il a gardé ce ton pendant douze ans. J’ai aimé sa liberté de parole et d’action. Sa façon d’être proche des gens, des jardiniers du Vatican, des jeunes, des pauvres. Il a vécu dans un appartement de deux pièces dans l’auberge Santa Martha plutôt que dans le palais apostolique parce qu’il ne voulait pas vivre seul et ainsi préserver sa « santé psychologique », disait-il. Il a voulu donner la parole à tous les baptisés par son synode sur la synodalité. Il était un homme du peuple qui encourageait les prêtres à « sentir la brebis » comme un berger proche de ses moutons.

Qui lui succédera? Déjà plusieurs s’inquiètent d’hériter d’un  pape trop ceci, trop cela, pas assez ceci, pas assez cela. On dresse déjà la liste des « papabile ». On peut bien s’amuser à la faire mais c’est inutile à mon avis. D’abord à cause de l’adage bien connu à Rome: « Qui entre au conclave pape en ressort cardinal ». Les cardinaux n’élisent pas les ambitieux. Puis, observons simplement que depuis Jean XXIII, nous avons eu plusieurs surprises. Jean XXIII lui-même, élu à 77 ans en 1958, avait constitué une surprise majeure après le long pontificat de Pie XII. On voulait simplement un pape de transition qui ne ferait pas de vagues. Surprise! Il déclenche un concile et meurt avant la fin (1963). La nomination de Paul VI après lui était plus prévisible car il était le secrétaire d’État, le numéro 2 de la hiérarchie, le mieux placé pour terminer le concile. À sa mort en 1978, on élit Jean-Paul Ier que personne n’avait vu venir. Quelle idée de choisir ce prénom! Il fait sa marque par son sourire. C’est la première fois qu’on voyait un pape qui avait l’air d’aimer ça, être pape! Il meurt 33 jours après. Quel choc! Jean-Paul II lui succède. Le premier pape non-italien depuis des siècles. Un Polonais de 58 ans, athlétique, médiatique, spectaculaire, qui déclenche des JMJ qui rassemblent des millions de jeunes (que l’Église ne rejoignait plus) partout à travers le monde. Même sa mort fut médiatisée (2005). Lui succède Benoît XVI qu’on dit conservateur. Il renverse tout le monde par une démission inattendue, historique. Il crée un précédent. Que fait-on d’un pape à la retraite? Comment l’appeler? Comment l’habiller? Doit-on lui verser une pension? Les canonistes s’arrachent les cheveux. Et François apparaît à sa suite. Le premier pape non-européen, argentin de descendance italienne, jésuite mais qui prend le nom du fondateur des Franciscains, qui refuse la limousine le soir même de son élection, qui va payer sa chambre le lendemain de l’élection, qui raconte des blagues, qui vit à Santa Martha et qui téléphone à toutes sortes de gens, même au cardinal Turcotte sur son lit de mort à l’hôpital à Montréal.

Alors, qui succédera à François? God knows! And only God. Depuis les six derniers papes, de Jean XXIII à François, nous sommes allés d’une surprise à l’autre. Pourquoi pas encore une cette fois-ci? L’Esprit Saint est bien fantaisiste. Laissons-le travailler. Et bénissons le Seigneur pour François, l’homme, le pasteur inspirant, le fils de migrant qui ne pensait jamais être pape.

Bonne semaine.
Alain, curé