Les cloches sont parties pour Rome jeudi dernier, Jeudi saint, pour ne revenir que le Jour de Pâques. Leur silence de deux jours a fait naître dans les récits populaires cette tradition de leur voyage et de leur retour. Si la réponse est unanime quant à la destination des cloches qui semblent toutes se rendre à Rome, il existe quelques variantes sur le but de leur voyage.

 

On dit qu’au Franche-Comté, les cloches vont à Rome faire leurs Pâques. Au Metz, on dit qu’elles vont rendre visite au pape et déjeuner avec lui. En Besse et Flandre, on dit qu’elles se font bénir par le pape et en Isère, les cloches y vont pour se confesser et obtenir le pardon.

 

Par contre, même si les raisons diffèrent pour se rendre à Rome, toutes les légendes ont un point en commun: elles font revenir les cloches le jour de Pâques avec des œufs et des surprises pour les enfants car sur le chemin du retour, elles les font tomber du haut du ciel dans les parterres et dans les jardins.

 

Les cloches, pour le voyage du retour, sont pourvues d’ailes et de rubans. C’est ce qui leur permet de voler. Souvent, des lapins ou des lièvres cachent les œufs qui tombent du ciel pour le bonheur des enfants qui partent à leur recherche. C’est alors que débute la chasse aux œufs de Pâques.

 

Le poète et romancier breton Charles le Goffic a décrit ainsi ce retour des cloches en Bretagne : « C’est dans une allégresse générale que les cloches reviennent : des bruits argentins, pareils à des rires, s’échappent des plus grosses campanes; les ailes métalliques voyageuses battent d’une fièvre d’attente, si vive est leur hâte de retourner au clocher natal où elles ramèneront la joie et la vie ».

 

Et voilà comment le simple silence des cloches du Jeudi saint et leur retour le dimanche de Pâques ont suscité des légendes qui font le bonheur des enfants, encore aujourd’hui. Ils ont attendu avec impatience la venue du lapin de Pâques qui a bien caché les douceurs que les cloches ont rapportées de Rome.

 

René Lefebvre