Gens de St-Joachim,
Février et mars sont des mois sournois. Une certaine fatigue de l’hiver, le manque de luminosité et la morosité des nouvelles médiatiques se conjuguent pour affadir notre humeur. L’acédie nous guette. Qu’est-ce que l’acédie, dites-vous? Je vous en ai parlé durant le confinement. C’est une humeur chagrine, une déprime, une sinistrose. Les moines l’éprouvent quand la prière devient sèche, machinale, et que la vie communautaire leur tombe sur les nerfs. Saint Thomas d’Aquin recommandait alors de pratiquer l‘eutrapélie, cette vertu qui consiste à bien prendre soin de soi en s’accordant des petits plaisirs. Par exemple, des soins pour le corps: exercice, bain chaud, repas agréables, digestif bien choisi, maquillage, des vêtements colorés agréables et confortables. Mais aussi, doubler la dose des trois B: le Beau, le Bien et le Bon. Alors, écouter de la musique et des chansons, voir de la peinture, de la sculpture, du théâtre. Danser. Lire ou écouter des témoignages de gens qui ont réalisé de belles choses, jouer avec des enfants, bercer des tout-petits, fréquenter des gens drôles, goûter des chocolats, se faire un spaghetti nouveau genre, téléphoner à un ami qu’on n’a pas vu depuis longtemps, se faire une épicerie fine, organiser une partie (ou deux…) de cartes avec la belle-soeur et son indomptable mari. Éviter les mauvaises nouvelles, aller voir jouer le petit-fils ou la petite-fille, s’offrir enfin le fameux fromage que l’on voulait tester depuis longtemps. Bref, du Beau, du Bon, du Bien. Et double dose…!
Je vous laisse avec une pensée édifiante: « Un jour en me promenant dans la montagne, j’ai vu une bête sauvage. En m’approchant, j’ai réalisé que c’était plutôt un humain. Et en m’approchant encore, j’ai reconnu mon frère » (sagesse orientale)
Bonne semaine,
Alain, curé