Avez-vous coupé vos pissenlits, le printemps dernier? Personnellement, je m’en suis abstenu pour contribuer modestement à la protection des abeilles. À la fin du mois de mai, la Journée mondiale des abeilles nous sensibilise à leur travail capital dans la nature. Elles transportent le pollen des anthères mâles d’une fleur vers le stigmate femelle. Ainsi se réalise la fécondation des fleurs qui produit des fruits. C’est une tâche inimaginable. Chaque kilogramme de miel nécessite quatre litres de nectar recueillis grâce à un nombre considérable de voyages des abeilles. Entre vingt mille et cent mille passages entre leur ruche et les fleurs occupent plus de trente mille abeilles chaque jour. Elles visitent plus de vingt-et-un millions de fleurs. Un rapide calcul établit que chaque abeille féconde en moyenne plus ou moins sept cents fleurs et ce, dans un rayon de trois kilomètres. Impressionnant, n’est-ce pas?

 

Le pollen de la grâce

 

L’Esprit Saint est comme une abeille pour deux raisons. Comme un insecte pollinisateur, il travaille sans cesse. Il produit de la vie. Fécond, il répand ses dons dans le cœur d’une étudiante par exemple, ou dans celui d’un retraité ou d’un couple. Il inspire une artiste, un homme ou une femme politique qui se dévoue au bien commun. Il motive une infirmière ou un médecin, un avocat qui défend la justice. À d’autres, il donne le goût d’avoir des enfants, de se marier, de s’occuper des pauvres ou d’immigrants. Il souffle dans les profondeurs de ceux et celles qui se consacrent à la prière ou qui optent pour le célibat. Il donne de l’espérance dans les impasses, le goût des autres et de la mission. Il en fait des voyages pour transporter le pollen de la grâce de Dieu.

 

La piqûre

 

Si l’Esprit Saint ressemble à une abeille, c’est aussi parce qu’il pique comme elle. Il donne la piqûre de Dieu. Avoir la piqûre pour quelque chose veut dire que l’on est passionné par elle, qu’on a un vif intérêt pour cette réalité. L’Esprit Saint donne une triple piqûre. D’abord la piqûre du Père. Le goût de le chercher, d’entrer dans son mystère, de se laisser aimer par lui. L’Esprit donne la forte envie d’une amitié avec le Père, de faire sa volonté en toutes circonstances, de le prier et de se confier à lui.

 

Ensuite, l’Esprit donne la piqûre du Fils, l’appétit de connaître sa vie et sa parole. L’envie de l’imiter, de lui ressembler, de réagir comme lui. L’Esprit incite à se mettre à l’écoute de Jésus, de le recevoir dans les sacrements et de le faire connaître. Les éducateurs de la foi, parents, ministres et catéchètes en sont de beaux exemples.

 

Enfin, l’Esprit Saint donne la piqûre de l’Église. Il provoque la rencontre avec d’autres chrétiens et chrétiennes, la pratique concrète de l’Évangile avec eux. Son souffle appelle les baptisés à faire leur part pour la communauté mais pas seulement la communauté chrétienne. Il pousse à s’engager à transformer le monde dans lequel nous vivons pour en faire une terre d’accueil plus fraternelle, plus ajustée au rêve du Père. Il exerce une force centrifuge dans le cœur des baptisés pour les envoyer en mission vers ce que le pape François appelle les « périphéries existentielles ». Il nous met en mouvement, comme les abeilles, pour transporter le pollen de la grâce de Dieu.

 

Alain Roy

(Prions en Église, chronique no. 121)